Les Wachowski sont un duo extrêmement accompli. En effet, il n’est pas donné à tout le monde de réaliser des films comme Bound ou Matrix sans un talent incroyable. Ils ont passé la dernière décennie à essayer de retrouver la clé du film culte en réalisant des oeuvres comme Speedracer, Cloud Atlas ou Jupiter Ascending.
Sortie américaine : 5 juin 2015 sur Netflix
Créateurs : Lana et Andy Wachowski / Joseph Michael Straczynski
Acteurs principaux : Brian J. Smith (Will Gorski) / Jamie Clayton (Nomi Marks) / Max Riemelt (Wolfgang Bogdanow) / Miguel Ángel Silvestre (Lito Rodriguez)
Voir les frère et soeur Wachowski investir le petit écran et réaliser cette nouvelle série Netflix : « Sense 8 » était une perspective excitante. Qu’allaient sortir ce duo à l’imagination débordante ? Le fait qu’ils fassent équipe avec J. Michael Straczynski était également très prometteur, étant donné sa solide expérience à la télévision (Babylon 5) et dans la bande dessinée (Thor).
Malheureusement, le résultat final est quelque peu décevant de la part des Wachowski. En surface, Sense 8 a une ambiance semblable à celle d’Heroes. Une histoire avec des gens venus de partout dans le monde et possédant des capacités les reliant. Dans le cas de Sense 8, les héros ne sont pas dotés de super pouvoirs individuels mais ont la capacité de se connecter les uns aux autres. Et notamment de canaliser l’essentiel de l’autre, permettant à une personne de prendre le contrôle des actions de l’autre lorsqu’un certain ensemble de compétences est nécessaire (compliqué ?!). Il y a un énorme potentiel dans ce concept mais le problème est que les Wachowski et Straczynski ne semblent pas du tout prêts à exploiter pleinement ce potentiel. Cette série est réellement, pour une grande partie des 12 épisodes, simplement l’histoire de huit personnes différentes, dans huit parties différentes du monde avec huit environnements différents.
Cela pourrait être une très bonne chose en soi. Mais je pense que l’histoire de base est bien, en général, mais très cliché : Kala, basée à Bombay, épouse un homme pour les mauvaises raisons; Will, flic de Chicago essaie de faire le bien dans le monde; Riley le londonien a fuit un évènement traumatisant de son passé; Wolfgang le criminel allemand a un coeur composé d’or pour moitié; Capheus, chauffeur de bus fasciné par Jean-Claude Van Damme; Sun, femme d’affaire de Séoul prise dans un scandale de détournement de fonds avec sa famille.
Les histoires de chacun sont très intéressantes mais nous ne ressentons pas vraiment la personnalité même des personnages. Pour moi, cela reste très superficiel et c’est dommage. Des choix étranges ont également été faits, compte tenu de l’approche internationale des personnages. Dans la série, les personnages sont censés être dans différents pays, parlant donc différentes langues. Mais nous les retrouvons tous à parler anglais alors qu’ils devraient parler la langue du pays où ils vivent. Cela est d’autant plus bizarre lorsque la scène de rencontre entre Wolfgang (Allemand) et Kala (Bombay) les fait parler dans leur langue maternelle avec sous-titres. Et c’est tout, ce sera la seule scène tournée dans la langue originelle des personnages.
Quant à la phase science-fiction devant être le clou du spectacle… Pour ma part, quelle combustion lente… Beaucoup trop lent. Je sais que Netflix a souhaité que cette série soit faite à la manière d’un film, genre on ne dévoile pas tout d’un coup, mais là ils ont poussé le concept un peu trop loin. Les premiers épisodes sont comme la lente agonie de la première demi-heure d’un film, quand on attend la chute et qu’elle n’arrive pas. Ok il faut prendre le temps de connaître les personnages, de comprendre l’environnement de la série mais là c’est trop long. Trois épisodes seront nécessaires avant d’avoir d’intéressantes révélations sur les capacités que se découvrent les protagonistes. Le quatrième épisode nous plonge complètement dans l’histoire et le cinquième nous perd à nouveau. En fait, j’ai trouvé bizarre qu’aucun des personnages ne soit étonné de se découvrir de telles capacités, ils sont là genre « Ok c’est cool, je te vois, te parle et peux interagir physiquement avec toi alors que t’es à l’autre bout du monde ». Aucun ne flippe, aucun ne disjoncte, aucun n’est même limite surpris. Et tandis que pour certains personnages, certaines interactions (histoire d’amour par exemple) ont un impact sur leur vie réelle, d’autres sont sujets à ces interactions une fois de temps en temps. C’est étrange et frustrant car cette série pourrait tellement être mieux et plus intense.
L’un des personnages les plus forts de la série, Nomi, est une femme transsexuelle dans une relation lesbienne. Il est facile de supposer que Lana Wachowski, elle même transsexuelle, s’est beaucoup identifiée à Nomi, ce qui pourrait expliquer pourquoi c’est l’une des héroïnes de la série et pourquoi son personnage est plus fort en émotions que celui des autres.
Voici le trailer de la première saison:
Verdict de la première saison de la série Sense8
Sense8 a le potentiel d’une très bonne série, un concept nouveau, des créateurs légendaires, tournée tout autour du monde. C’est très dommage qu’elle n’est pas été exploitée à fond. Pour en revenir à la comparaison du début, cette première saison peut faire penser à la première saison d’Heroes, avec des personnages n’ayant rien en commun et se découvrant des capacités surnaturelles. Sauf que Sense8 est fade et terne. Attendons la deuxième saison car le potentiel de cette série peut vraiment être énorme.