Évolution de la culture geek
Les femmes et l’informatique
Il n’a jamais été dit que les ordinateurs avait été conçus pour les hommes, j’entend par là le genre masculin et non l’Homme avec un grand H. Mais depuis les années 80, nous avons pu nous apercevoir que le monde de l’informatique était pratiquement réservé à la population masculine.
Tout le monde ne le sait pas mais les premiers « ordinateurs » avait des noms : Kay McNulty, Marlyn Wescoff, Fran Bilas, Ruth Lichterman, Adele Goldstine and Betty Snyder.
Dans les années 40, ces femmes programmait les appareils électroniques à intégration numérique de l’armée américaine qui étaient, à l’époque, appelés « Les cerveaux géants » et reconnus aujourd’hui comme les tout premiers ordinateurs de l’histoire.
Les opérateurs choisis avaient déjà travaillé sur des tables balistiques avec des calculatrices de bureau. La plupart était des femmes car à l’époque il fallait littéralement ramper sous les ordinateurs pour pouvoir manipuler câbles et commutateurs. Les femmes se glissant plus facilement dans des endroits improbables, elle dominèrent bientôt leur domaine et personne ne pouvait comprendre les machines mieux qu’elles.
Nous pouvons affirmer que les femmes sont les pionnières de la haute technologie d’aujourd’hui.
Il est connu que le premier morceau de programmation informatique a été écrit et réalisé par Ada Lovelace qui écrit en 1840, un algorithme conçu pour fonctionner avec la machine analytique de Charles Babbage.
Ensuite, en 1952 vint Grace Hoper avec le tout premier compilateur informatique. Puis en 1959 elle mit au point un langage de programmation appelé COBOL (flow-matic a l’époque).
En son temps, Mary Keller aida au développement de base pendant que Radia Perlman créa les premiers protocoles internet.
Dans son livre sur le développement des jeux informatiques, Brendan Keogh explique :
La plupart des révolutions informatiques ont été réalisées au sein d’institutions largement dominées par les hommes, comme les installations militaires ou les laboratoires d’ingénierie. Mais au cours des décennies d’après-guerre, la proportion de femmes étudiant l’informatique a très rapidement augmenté, plus rapidement que n’importe quel secteur professionnel.
L’exclusion des femmes du monde de l’informatique
Et puis…
Steve Henn a remarqué que le taux de participation des femmes dans le domaine de l’informatique a commencé à baisser au milieu des années 80. A peu près au même moment où les ordinateurs personnels ont fait irruption dans nos vies et nos maisons.
L’association entre ces deux phénomènes n’a pas été faite de suite. Bien sûr, nous aurions pensé que le fait d’avoir des ordinateurs plus accessibles augmenterait le rapport hommes/femmes en faveur des femmes.
Mais Henn explique :
Ces premiers ordinateurs personnels n’étaient rien de plus que des jouets. Vous pouviez jouer au ping-pong ou a de simples jeux de tirs. Et ces « jouets » étaient quasiement tous labellisés « pour garçon ». Cette idée que les ordinateurs puissent être réservés aux hommes fit son chemin et tout le monde l’accepta. Dans un sens, c’est grâce à cela que les vrais geeks ont fait surface et ont créée la « techie culture ».
Les études montrent que les parents achetaient des ordinateurs pour leurs fils, mais pas pour leurs filles, même ces dernières avaient montré un quelconque intérêt pour l’informatique. Au final, les garçons arrivaient à l’université avec un diplôme informatique et les filles restaient sur le banc de touche à cause de leur manque de pratique personnelle. Dans les décennies suivantes, la haute technologie devint un domaine de mâles.
Pourtant, cette dominance masculine reste curieuse car d’une part, la culture geek des années 80/90 est quasiment définie par son exclusion des femmes. Mais d’un autre côté, les geeks mâles ont toujours été plus ou moins féminisés, toujours décrits comme des individus socialement maladroit et dont l’enthousiasme pour la technologie ne reposait que sur le fait de compenser leurs échecs dans les domaines typiquement masculins comme le sport, les femmes ou la fête.
Finalement, les geeks, qu’ils soient hommes ou femmes, sont clairement sortis triomphants.
Il suffit de jeter un oeil aux box-offices pour se rendre compte que les productions d’Hollywood sont totalement sous l’emprise de la culture geek. Tandis que les jeux informatiques font plus de recette que n’importe quelle autre activité en ligne. Cette nouvelle ubiquité du monde numérique a recalibré les choses, les mâles bêtas devenant des mâles alphas.
Il fut une période où un gars expert en voiture pouvait vous démonter/remonter n’importe quel bolide mais était incapable d’ouvrir une page internet ou même d’allumer un ordinateur. Aujourd’hui, ce même mec pourra non seulement démonter votre voiture mais en plus vous tenir le même discours avancé au sujet de RAM et ROM ou de vitesses de traitement.
Aujourd’hui, les entrepreneurs comme Bill Gates ou Mark Zuckerberg sont représentés non seulement comme des hommes extrêmements puissants et riches, mais sont également élus par les femmes les hommes les plus sexy de la planète.
Il est fascinant de voir qu’Internet se positionne au centre de l’accumulation de capital et donc de pouvoir.